Des émeutes de 1988 à l’assassinat du président Boudiaf en juin 1992, ce documentaire retrace les différentes étapes historiques et politiques de cette période charnière pour l’Algérie. Pendant les 180 jours, Mohamed Boudiaf incarna l’espoir du pays, avant d’être assassiné par un des officiers chargés de sa sécurité.
Le coup d’Etat qui porte Boudiaf à la tête de l’Algérie en Janvier 1992 est la dernière carte jouée par les autorités, affaiblies par plusieurs années de crise, pour empêcher le FIS, gagnant du premier tour des législatives de décembre 1991, d’acceder au pouvoir. Pour une grande partie du peuple, Boudiaf, exilé depuis 1964 au Maroc, reste le symbole de l’intégrité politique, de la tolérance, de la démocratie. Il est l’un des rares leaders algériens dont l’honneur soit indiscutable. Profondément musulman, il n’a de leçon à recevoir de personne à propos du « Livre saint », qu’il connaît par cœur. Il apparaît comme l’homme providentiel, capable d’apporter une légitimité au coup d’État et de redonner confiance à la population tout en étant acceptable pour les plus modérés des islamistes.
Mais si Mohamed Boudiaf accepte, c’est qu’il a des véritables ambitions pour le pays et un programme de réformes. Les divergences entre le président Boudiaf et les « décideurs », comme il les appelle, commence le jour de son retour à Alger. Au moment où il va prononcer un discours à la nation, on lui propose de lire un texte déjà préparé. Il refuse et lit finalement son propre discours avec une demi-heure de retard.
Après avoir paré au plus pressé, en réussissant à contenir la déferlante intégriste, Mohamed Boudiaf s’attaque aux rentiers du système FLN, qu’il qualifie de « mafia politico-financière ». Les six mois qu’il passe à la tête de l’Etat sont marqués par un bras de fer permanent, qui prend des tournures aiguës sur plusieurs dossiers notamment la lutte contre la corruption, la réforme des institutions (la justice, les douanes), le calendrier électoral mais aussi l’affaire du Sahara occidental. C’est un président privé de tout soutien qui est abattu le 29 janvier 1992 par un des officiers chargés de sa sécurité. À ce jour l’enqête ne révèle aucune information sérieuse. Avec sa disparition, ce sont les espoirs de réforme qui s’écroulent en Algérie: le pays sombre dans le chaos.
Avec les témoignages de l’épouse du défunt Madame Boudiaf, d’Ahmed Djebbar (ancien conseiller de la communication du président), de la journaliste Malika Abdel Aziz, du politologue Ahmed Benaoum, et de l’ex-ministre des droits de l’homme Ali Haroun et de l’Ambassadeur de France à Alger Jean Audibert, aujourd’hui décédé.
FIPA, BIARRITZ
FESTIVAL DE GUINDOU
CMCA, PALERME
Libération
Algérie, un assassinat programmé
La mort de Mohamed Boudiaf en 1992 a satisfait bien des appétits.
À la fin de ce remarquable travail de Noël Zuric et de Malek Bensmaïl, on ne sait pas qui a fait tuer Mohamed Boudiaf. Mais on comprend pourquoi il a été abattu le 29 juin 1992, devant les caméras de télévision, avec, sur les lèvres, ces derniers mots : « Pourquoi les autres nations nous ont-elles dépassés ? Et l’islam… ». Et on saisit, surtout, qui cet assassinat servait. Figure historique de la lutte pour l’indépendance algérienne, Mohamed Boudiaf a été rappelé par le pouvoir aux abois, après un exil de vingt-huit ans au Maroc…
Jean-Luc Allouche
Le Soir d’Algérie
L’homme que la télé a oublié…
Le documentaire consacré à l’homme que l’on ne saurait oublier, intitulé « Boudiaf un espoir assassiné » est signé Noël Zuric, coréalisant aux côtés de Malek Bensmaïl. La fiche promet sur le télétexte 58 minutes d’un éclairage braqué sur les « décideurs », ces dénominateurs communs à tant de malheurs. Il y est écrit, aussi, que le premier discours du Président Boudiaf avait été rédigé par ces « décideurs » puis refusé par « Tayeb el Watan » ce genre de révélation, tout en se voulant croustillant, est-il à prendre pour argent comptant? Sans préjuger de fiabilité de ces informations. Notons que ladite coproduction (Arte, Sept et l’INA) ne manquera pas de susciter une foule d’interrogations auxquelles nos amis du Boulevard ne répondront sûrement pas vu que la mode du moment est aux contradictions… C’est devenu patent: elle ne fait que se contredire notre télé nationale…
Mourad N.
Fiche technique
Production : INA/La Sept/Arte
Avec la participation de : CNC, FAS et Média 2
Production déléguée : Claude Guisard, Gérald Collas
Chargés de Programme La Sept/Arte : Pierre Merle, Thierry Garrel
Image : Alain Salomon
Son : André Siekiersi, Jea-Jacques Faure, Fransisco Camino, Christophe Heuillard
Montage : Jean-Pierre Pruilh et Claire Pinchault
Voix commentaire : Jimmy Shumann
Musique : ‘She Left Home’ de Djamel Benyelles (Decibled)
Remerciement à René Vautier
Diffusion TV-Broadcasting : Arte, TVO (Canada), YLE (Finlande), RTSR (Suisse), et la VRT (flemish Network)
El Watan
Documents d’investigation
Feu le président Boudiaf est chez nous ce soir grâce encore à une télévision des autres: la franco-allemande Arte. Le canal nous gratifie d’un documentaire de mémoire (Boudiaf, un espoir assassiné, 58 mn) sur les 180 jours qu’ont représentés pour son peuple le retour au pays et les mots publics du président, assassiné le 26 juin 1992. Le combattant de l’indépendance nationale a été empêché de réaliser son œuvre d’homme d’État.
Le documentaire de Noël Zuric, coréalisé par Malek Bensmaïl, est une coproduction de l’Institut nation de l’audiovisuel (INA), la Sept Arte. L’œuvre illustre indépendamment de ses qualités esthétiques l’importance pour une nation de disposer d’une mémoire audiovisuelle nourrie, entre autres, des figures de femmes et d’hommes qui ont eu à cœur d’imprimer leurs griffes à son évolution historique vers la modernité. Le dispositif et les décisions en cours dans le système audiovisuel national n’ont pas pour préoccupation de permettre la production de ce type de document de mémoire. L’entreprise nationale de production audiovisuelle (ENPA), née de la restructuration du système en 1986, n’existe plus ; la grille de l’ENTV est sous perfusion de l’importation, tandis que de rares coopératives et entreprises privées tiennent toute ambition de création sous tendue à d’hypothétiques aides de diffuseurs et organismes étrangers. Quelles images avons-nous des Kateb Yacine, Mouloud Mammeri et autres créateurs encore vivant à proposer aux Algériens de demain?
Belkacem Mostefaoui
Boudiaf, An Assassinated Hope
France/Algérie – History & Politic Documentary – 58' – 1999
Boudiaf, the ephemeral president of Algeria from January to June 1992, remains for a great many Algerians a symbol of political integrity.
Founder of the National Liberation Front (FLN), the father of the homeland , his opposition to Ben Bella forced him to exile in 1963. In december 1991, just after the unprecedented rout of the FLN in the legislative elections called by president Chadli, it was Boudiaf who was invited to take charge by FLN leaderships and the general’s of the army, to counter the rise of the islamist-integrist movement.
On june 29, 1992, he was assassinated.
The future of Algeria was played out in the few months beetween the end of 1991 and the summer of 1992.
(english VOD not available)